L’addiction est un état de dépendance qui se caractérise par la consommation excessive et répétée d’une substance nocive ou par la pratique abusive d’une activité en dépit des conséquences négatives que cela engendre.
Les addictions sont de l’ordre de la pathologie cérébrale. Ce phénomène constitue aujourd’hui un enjeu majeur pour la santé et la sécurité publique. En effet, l’addiction est responsable de 20 % des causes de mortalité et de 50 % des actes de délinquance, d’autant plus que la France est fortement concernée par le problème.
L’addiction est facilement confondue avec la dépendance. Il est vrai que ces deux termes sont étroitement liés. Cependant, ces états se manifestent chacun de leur manière et ont un impact différent sur le cerveau. On parle d’addiction lorsque, initialement, la consommation du produit ou la pratique de l’activité vise à assouvir une envie, à procurer du plaisir ou à apaiser une douleur et qu’elle finit par induire une perte de contrôle.
En revanche, la dépendance désigne un déséquilibre du fonctionnement neurobiologique provoqué par la consommation régulière d’une substance. Elle entraîne une envie de consommer pour éviter de subir un syndrome du sevrage en cas d’arrêt brusque de la consommation. La dépendance ne définit plus un besoin de se sentir mieux, mais plutôt celui de retrouver un état “normal”.
Le premier symptôme d’une addiction est le craving. Il s’agit d’un besoin irrépressible et impérieux de consommer la substance ou de pratiquer l’activité. La perte de contrôle accompagne également le craving. Celle-ci se rapporte à la quantité de produits consommée ou au temps consacré à la pratique de l’activité : la personne n’a plus de maîtrise.
D’autre part, l’addiction fait également oublier les obligations propres à chacun. Elle fait passer au second plan tous les autres aspects de la vie. Une personne souffrant d’addiction passe beaucoup de temps à consommer ou à pratiquer, mais aussi à rechercher comment se procurer la substance addictive. Ce qui amène à négliger certaines obligations importantes et provoque des problèmes personnels, professionnels et sociaux. Souvent, les personnes accro ressentent également le désir d’arrêter le produit ou le comportement addictif.
Cependant, leurs efforts, bien qu’ils soient persistants, restent vains et ce, malgré les dégâts psychiques et physiques que la pathologie entraîne. Accompagnant ce désir de changement, le syndrome de sevrage relatif à la dépendance se manifeste également dans le cas d’une addiction. En effet, à la suite d’un arrêt brutal du comportement addictif, certains symptômes très désagréables apparaissent (malaise, fatigue, mal de tête, sécheresse buccale, nausées, etc.).
Le circuit de la récompense est le système responsable des sensations agréables ressenties suite à une action. Sa stimulation permet d’assurer une sécrétion d’hormones dopaminergiques et de mémoriser le stimulus agréable. Le système commence alors à apprendre les comportements qui lui procurent du plaisir et va inciter la récidive de l’expérience plaisante.
Cependant, si l’apprentissage est exagéré et qu’il entraîne une stimulation excessive du système, cela va devenir contre-productif. Un dysfonctionnement va être observé au niveau des différents circuits cérébraux impliqués dans l’apprentissage. Ce qui provoquera une conduite addictive : le sujet sera amené à oublier tous ses besoins fondamentaux et le comportement addictif viendra occuper toute sa vie.
Les addictions les plus fréquentes sont celles liées aux substances psychoactives réglementées, celles détournées de leur usage ou celles liées aux produits illicites. Chez les Français, on retrouve le tabac, l’alcool et le cannabis. Concernant les addictions comportementales, les jeux d’argent et les jeux de hasard sont les plus répandus.
Selon les statistiques, environ une personne sur dix qui jouerait à ces types de jeu est un joueur excessif. D’autre part, il existe aujourd’hui d’autres addictions insoupçonnées, mais qui peuvent ternir la qualité de vie ceux qui la vivent : l’addiction au sport ou bigorexie ou encore l’addiction au sexe.

Peu importe à quel point le potentiel addictogène d’un produit est élevé, personne ne devient addict du jour au lendemain. L’addiction s’installe progressivement tout comme l’augmentation de la consommation ou de la pratique qui en est à l’origine. Ainsi, on peut observer 3 phases à l’addiction.
Première phase : La recherche de plaisir
Elle correspond aux premiers épisodes de consommation du produit ou de l’activité. Une libération de dopamine et de sérotonine, participant à la sensation de plaisir et de bien-être, se produit alors au niveau de la zone cérébrale au contact avec la substance. Ainsi, les consommations ou les pratiques se font ponctuelles dans le but de ressentir à nouveau des sensations agréables, sans suspecter qu’elles puissent mener vers une addiction.
Deuxième phase : Apaiser un état émotionnel négatif
Quand le comportement commence à être fréquent, la sécrétion dopaminergique diminue progressivement. Le circuit de récompense devient alors moins sensible au stimulus habituel. Ce qui pousse à en augmenter la dose afin d’obtenir le même niveau de plaisir qu’avant afin de satisfaire l’organisme.
Troisième phase : La perte de contrôle
À mesure que le circuit de récompense est exagérément stimulé, ses réseaux commencent à s’altérer. Ce qui entraîne une perte d’autorégulation. Alors, même si vous éprouvez sincèrement le désir d’arrêter ou de diminuer le comportement addictif, vous n’aurez plus la capacité à résister aux envies qui se feront de plus en plus intenses.
Pour soigner une addiction, un diagnostic est nécessaire. En effet, comme dans une addiction à l’alcool, par exemple, il est nécessaire de déterminer s’il s’agit d’un rapport addictif ou d’une consommation à risque : les sujets addicts peuvent ne pas présenter de conséquences physiques dues à la toxicité de l’alcool tout comme les non-addicts peuvent observer des dégradations au niveau de leur état physiologique.
Si vous avez un doute sur votre consommation ou vos comportements, rapprochez-vous de votre médecin traitant. Un médecin addictologue peut vous aider à choisir les meilleurs protocoles pour gérer votre addiction, quelle qu’elle soit. Accompagnant cette démarche, vous pouvez également vous tourner vers des psychologues afin d’effectuer une prise en charge psychothérapeutique pour sortir du cercle addictif et prévenir les rechutes.
L’addiction à une substance ou un comportement peut avoir des répercussions délétères aussi bien physiques, psychiques, sociales que financières :
- Isolement social ; marginalisation ; altération des relations sociales ;
- Perte de motivation ; perte d’emploi, déscolarisation ;
- Absentéisme à l’école, au travail ;
- Délits, vols ; surendettements ;
- Déficits cognitifs ; troubles neurologiques ;
- Troubles psychiques ;
- Cancer ;
- Overdose, coma éthylique ;
- Perturbation de l’équilibre émotionnel ;
- Changement des traits de personnalité ; troubles de l’humeur ;
- Risque cardiovasculaire ; contamination par VIH, VHB ou VHC.