Diabète Insipide : définition, symptômes, causes, traitement

On connaît bien le diabète sucré, plus connu sous le nom de diabète de type 1 et de type 2, qui est assez répandu dans la population mais l'on connaît beaucoup moins ce qu'est le diabète insipide.
Ce diabète, plus rare, est un trouble entraîné par une insuffisance des reins à concentrer les urines. Ses symptômes, causes et traitements sont donc très différents des diabètes de type 1 et 2.
Qu'est-ce que le diabète insipide ? Comment le reconnaître ? Comment le détecter et le traiter ? Dans cet article, découvrez l'ensemble des fondamentaux à connaître au sujet du diabète insipide.
Qu'est-ce que le diabète insipide ? (Définition)
Malgré le nom qu'il porte, ce trouble est bien loin de ressembler au diabète que nous connaissons couramment. Le diabète insipide est aussi appelé diabète "à l'eau", en opposition au "diabète sucré" représenté par les diabètes de type 1 et 2.
Le diabète insipide est une maladie rare. Sa prévalence, c'est-à-dire le nombre de cas durant une période donnée, est de 1 cas sur 25 000. En comparaison, les diabètes de type 1 et 2 représentent plus de 4 millions de personnes en France dont 90 % sont des diabétiques de type 2.
L'apparition de cette pathologie est due à un défaut de production ou d'utilisation par l'organisme de la vasopressine.
La vasopressine est une hormone qui est aussi appelée hormone anti-diurétique ou ADH. Cette hormone est sécrétée par l'hypothalamus puis elle est stockée dans l'hypophyse.
Elle permet de réguler les mouvements de l'eau dans l'organisme et de favoriser la conservation de l'eau par les reins. C'est elle qui indique à l'organisme s'il faut retenir ou éliminer l'eau.
Sans cette hormone, le corps ne retient pas l'eau. Elle joue donc un rôle très important dans le maintien de l'équilibre hydro-electrolytique de l'organisme et l'hydratation des cellules.
Lorsque la sécrétion de la vasopressine se fait normalement, elle permet à l'eau d'être récupérée par les reins pour être filtrée puis réintégrée à la circulation sanguine.
Ce mécanisme permet d'assurer la couverture des besoins en eau de l'organisme. Dans le cas où il y a un déficit en vasopressine, l'eau n'est pas réintégrée au sang, elle va donc être éliminée par les urines et les diluer.
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Quelle est la différence entre le diabète sucré et le diabète insipide ?
Beaucoup plus rare que le diabète sucré, le diabète insipide n'a pas de lien avec une mauvaise régulation du taux de sucre dans le sang ou de mauvaises habitudes hygiéno-diététiques.
Il est également intéressant de noter que dans le diabète sucré, on trouve une présence importante de sucre dans les urines alors que le diabète insipide est défini par un excès d'urine non sucrée.
Diabète insipide central et diabète insipide néphrogénique
Il existe différents types de diabètes dont deux qui sont prédominants :
- Le diabète insipide central ;
- Le diabète insipide néphrogénique.
Dans le diabète insipide central, c'est le cerveau qui n'arrive pas à produire de la vasopressine. Il s'agit d'une incapacité de la partie postérieure de l'hypophyse à sécréter cette hormone.
Il s'agit du diabète insipide le plus fréquent. Il peut être complet, c'est-à-dire avec une absence complète de sécrétion de vasopressine, ou partiel, dans ce cas les quantités de vasopressine sécrétées sont insuffisantes.
Le diabète insipide néphrogénique est dû à une inefficacité de l'hormone antidiurétique au niveau des reins. La vasopressine est bien sécrétée par l'hypophyse mais ce sont les tubules rénaux qui résistent à son action.
Les autres types de diabète insipide moins courants sont : le diabète insipide gestationnel qui se développe durant la grossesse et le diabète insipide dipsogène qui se définit par un trouble de la soif au niveau de l'hypothalamus.
Comment reconnaître un diabète insipide ?
Les symptômes de la pathologie
Comment détecter le diabète insipide ? Dans ce diabète, l'organisme n'arrive pas à retenir suffisamment d'eau afin de couvrir les besoins hydriques journaliers. Cela entraîne différents symptômes.
Le premier d'entre eux est une polyurie, c'est-à-dire une augmentation du volume des urines.
Cette polyurie est importante et permanente. Le volume des urines peut aller jusqu'à 8 à 10 litres par jour. Les urines sont sans couleur et très peu concentrées. On ne trouve pas non plus de marqueurs de troubles tels que l'albumine ou du sucre.
En plus de la polyurie, on observe également une polydipsie, c'est-à-dire un besoin impérieux de boire, une sensation de soif permanente et insatiable. La personne atteinte de diabète insipide peut boire tout au long de la journée, de quantités excessive d'eau sans jamais arriver à étancher sa soif.
On peut fréquemment retrouver une nycturie, c'est-à-dire un besoin d'uriner pendant la nuit. La personne touchée par cette maladie est également réveillée par son envie de boire.
Ces symptômes peuvent être accompagnés d'autres troubles tels que :
- Une perte de poids ;
- Une fatigue importante ;
- Des maux de tête.
Le diabète insipide peut apparaître progressivement et silencieusement ou alors de façon assez brutale et à n'importe quel âge. Il n'existe pas non plus de prévalence chez les hommes ou les femmes.
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Comment le détecter ?
La suspicion du diabète insipide se fait dès qu'une émission d'urine très importante associée à une soif intense est identifiée. Quels sont les examens pour déceler cette pathologie ? Le diagnostic est confirmé par plusieurs tests et analyses.
Le patient est d'abord soumis à un test de restriction hydrique qui est le test le plus facile et fiable pour diagnostiquer un diabète insipide. Ce test permet de mesurer la production d'urine et le taux d'électrolytes dans le sang.
Il évalue la capacité du rein à concentrer les urines. Ce test doit être réalisé sous surveillance médiCale afin de pouvoir réagir rapidement en cas de déshydratation. Le patient doit être à jeun depuis la veille au soir et dès le matin, on le pèse et on prend sa tension toutes les quinze minutes.
Toutes les demi-heures, un recueil des urines est réalisé afin de connaître la quantité d'urine éliminée et leur concentration.
Le test dure pendant 8 heures. Il peut s'arrêter avant si le patient montre des signes de faiblesse comme de l'angoisse, un dessèchement des muqueuses ou une forte baisse de sa tension artérielle.
Suite à ce premier test, un second test de restriction hydrique peut avoir lieu avec une prise d'un analogue de la vasopressine en amont. Cela permet d'identifier le type de diabète insipide.
Si le volume urinaire est diminué, il s'agit d'un diabète insipide central alors que si le taux d'urine est similaire, il s'agit d'un diabète insipide néphrogénique.
Le dosage de la vasopressine dans le sang est un autre examen utilisé lors du diagnostic du diabète insipide.
Elle permet de mettre en lumière un déficit de cette hormone. Dans le cas d'un diabète insipide central, on en trouvera un taux diminué alors que dans le cas d'un diabète insipide néphrogénique, son taux sera plus élevé que la normale.
Des analyses d'urines sont réalisées afin de mesurer le taux de sucre dans les urines, ce qui est la caractéristique d'un diabète sucré, ainsi que des analyses de sang afin de vérifier le taux de sodium dans le sang.
En cas de diabète insipide, ce taux sera plus élevé que la norme. Des ionogrammes sanguins et urinaires permettent de contrôler les taux d'électrolytes.
D'autres examens peuvent être envisagés afin de déceler les causes du diabète. Dans le cas d'un diabète insipide central, un examen d'imagerie médicale de la zone hypothalamo-hypophysaire peut être réalisé afin de déceler une fracture crânienne ou une tumeur. Dans le cas d'un diabète insipide néphrogénique, ce seront des examens au niveau des reins qui seront mis en place.
Les causes du diabète insipide
Le diabète insipide peut être congénital, c'est-à-dire être présent depuis la naissance, acquis du fait de divers facteurs extérieurs, ou idiopathique avec une cause inconnue.
Un grand nombre de diabètes insipides sont héréditaires. Les antécédents familiaux sont un facteur de risque très important dans le diabète insipide.
Le diabète insipide central peut être primitif, c'est-à-dire qu'il provient d'anomalies génétiques, ou être secondaire.
Dans ce second cas, le diabète insipide est causé par des lésions diverses telles qu'une hypophysectomie, des blessures crâniennes ou lésions cérébrales, des tumeurs du cerveau, des lésions vasculaires comme l'anévrisme ou la thrombose ou encore des infections comme la méningite ou l'encéphalite.
Le diabète insipide néphrologique peut également provenir d'un gène présent sur un chromosome ou bien faire suite à une lésion qui a généralement lieu au niveau des reins comme la polykystose rénale, la pyélonéphrite, le rein médullaire en éponge qui est une maladie rénale congénitale ou encore une insuffisance rénale.
La prise de certains médicaments tels qu'un traitement au lithium peuvent également être la cause de cette pathologie.
D'autres infections sont parfois en cause : c'est le cas notamment de la tuberculose et de la drépanocytose.
Les complications du diabète insipide
Les différents troubles vus dans la partie précédente peuvent entraîner une déshydratation s'il n'y a pas de prise en charge adaptée. Si la déshydratation est importante, cela provoque une hypotension artérielle et un état de choc pouvant aller jusqu'au coma.
Cette déshydratation peut s'accompagner d'une hypovolémie qui désigne un déficit de la quantité de sang. Elle se caractérise par une baisse de la pression artérielle, une tachycardie et une respiration accélérée.
Le diabète insipide peut également provoquer une hyponatrémie, dans le cas où la personne boit plus qu'elle n'élimine par ses urines. L'eau ne sera pas éliminée et son sang sera dilué faisant baisser sa teneur en sodium.
Elle se caractérise par une léthargie, une confusion et une contraction musculaire.
Si le patient n'a pas la possibilité de s'hydrater suffisamment cela peut engendrer une hypernatrémie, c'est-à-dire un trop haut taux de sodium dans le sang.
L'hypernatrémie cause dans certains cas de graves complications au niveau neurologique telles qu'une excitabilité neuromusculaire, une confusion, des convulsions ou le coma.
Dans de très rares cas, l'augmentation du volume d'urine éliminée peut être responsable d'une dilatation de l'urètre.
Le traitement du diabète insipide
On sait que dans le diabète sucré, l'alimentation (aliments à éviter comme le fromage ou certains fruits) et l'hygiène de vie ont une place importante, en plus d'un traitement à base d'insuline. Qu'en est-il du traitement du diabète insipide ? Comment peut-on traiter ce diabète particulier ?
Comme nous l'avons vu plus haut, la déshydratation peut être une des conséquences du diabète insipide. Une prise en charge passant par une hydratation adaptée est indispensable.
Elle peut se faire sous forme de boisson ou par perfusion dans les cas les plus poussés. La quantité d'eau à consommer tous les jours sera déterminée par le médecin.
Des règles hygiéno-diététiques sont à mettre en place. Au niveau de l'alimentation, il est conseillé de réduire la consommation de sel et la consommation de protéines. Le sel entraîne de la rétention d'eau et va avoir une influence sur la pression artérielle.
Les protéines, quant à elles, sont transformées par les reins en urée. Dans le cas d'une élimination importante des urines, les reins travaillent davantage ce qui risque de les endommager, c'est pourquoi une attention particulière est apportée à la consommation de protéines.
Une prise en charge médicamenteuse est également indispensable. Un traitement hormonal à base de vasopressine est administré au patient.
Elle peut aussi être prescrite sous sa forme analogue telle que de la desmopressine. La desmopressine convient aussi bien aux enfants qu'aux adultes et elle peut être prise par voie nasale, en sous cutanée ou par voie orale.
Elle a une activité antidiurétique efficace de 12 à 24 heures. Cette durée est variable en fonction des individus et la posologie est établie par le médecin. Elle est déterminée en fonction de l'osmolarité et du volume des urines.
L'un des médicaments prescrits en cas de diabète insipide est le Minirin. Il agit comme l'hormone naturelle mais plus longuement dans l'organisme. Il peut être pris sous forme de comprimés, par voie nasale, en injection ou en comprimé à faire fondre sous la langue.
Différents traitements non hormonaux sont aussi possibles. On trouve notamment la prescription d'antidiurétiques, de médicaments permettant de stimuler la sécrétion de la vasopressine ou encore d'inhibiteurs de la prostaglandine. Ces traitements ont pour but de réduire la quantité d'urine éliminée.
Dans le cas d'un diabète insipide néphrogénique, le traitement de substitution de la vasopressine ne fonctionne pas. Il faut traiter la pathologie rénale qui est à l'origine.
Lorsque la cause du diabète insipide est clairement identifiée, un traitement spécifique peut être mis en place. La guérison du diabète insipide dépend de la cause de son apparition. En général, il ne disparaît pas totalement, à part dans le cas d'un diabète gestationnel. Celui-ci disparaît après l'accouchement puisqu'il était causé par la grossesse.
Pour le moment, il n'existe pas de manière de prévenir l'apparition du diabète insipide. De plus, ce diabète étant dans la plupart des cas héréditaire, il est difficile de le prévenir, notamment pour le diabète néphrogénique.
Si vous présentez certains symptômes décrits dans l'article comme une élimination importante d'urine et une soif intense, contactez votre médecin traitant. Si vous voulez des conseils sur votre alimentation et votre hygiène de vie, n'hésitez pas à prendre rendez-vous avec une diététicienne-nutritionniste qui pourra vous proposer un régime alimentaire adapté à vos besoins.