Surpoids & Obésité : Comprendre pour l'éradiquer définitivement

Le surpoids et l'obésité sont devenus un problème de santé publique majeur. Il est vrai que le constat est assez alarmant depuis ces dernières années. Bien que la prévalence du surpoids semble stable, l’obésité, elle, augmente considérablement et pourrait poursuivre son évolution. Selon l’Organisation Mondiale de la Santé, les deux se définissent comme « une accumulation anormale ou excessive de graisse corporelle pouvant nuire à la santé ».
Pourquoi s’en inquiéter ? En 2023, 47,3 % des adultes sont concernés par le surpoids ou l’obésité en France. Le nombre de femmes obèses dépasse celui des hommes, bien que le nombre d’hommes obèses ait été multiplié par 3 en mois de 10 ans. Dans le monde, l’OMS prévoit « 2 milliards de personnes touchées par cette épidémie du 21e siècle », d’ici 2025.
Il est donc essentiel de comprendre ce qui favorise ces problèmes de surcharge pondérale pour une meilleure prise de conscience, afin de mieux prévenir et mieux guérir.
Surpoids et obésité : de quoi parle-t-on ?
Quelle est la différence entre surpoids et obésité ?
Le surpoids et l'obésité décrivent tous deux un excès de poids corporel, mais l'obésité est considérée comme étant plus grave et associée à un risque accru de maladies chroniques.
Est-ce que l'obésité est une maladie ?
Oui, l'obésité est une maladie chronique de la nutrition qui favorise de nombreuses pathologies et des complications responsables d’un fort taux de mortalité, tout comme le surpoids.
Comment calculer l'obésité avec l'IMC ?
L'obésité se détermine à l’aide de trois critères possibles :
- Un IMC supérieur à 25 kg/m2 pour le surpoids et supérieur à 30 kg/m2 pour l’obésité modérée et l'obésité sévère. Au-delà de 40, on parle d’obésité morbide.
- Un tour de taille (à risque >80 cm pour les femmes, >90 cm pour les hommes).
- Un ratio tour de taille en cm / tour de hanche en cm (>0,80 pour les femmes, >0,90 pour les hommes).
Les différentes causes de l’obésité et du surpoids
Plusieurs facteurs sont à l’origine du surpoids et de l’obésité. Les raisons d’une prise de poids peuvent être multiples et distinctes d’une personne à une autre. Toutes doivent être considérées pour une prise en charge efficace.
Les facteurs génétiques
Une prédisposition génétique à l’excès de masse grasse peut bel et bien exister. Avoir des parents obèses multiplierait par trois le risque d’être en surpoids ou obèse à l’âge adulte.
L’hérédité serait responsable de 25 à 40 % de l’obésité (voire davantage). Pourtant, cette donnée semble parfois négligée. Certainement parce que les recherches dans ce domaine sont encore récentes et que les préjugés continuent de dominer.
En effet, les gènes de l’obésité sont capables d’altérer le métabolisme de base et les dépenses énergétiques, l’appétit ou encore la manière dont l’organisme transforme les nutriments une fois ingérés :
- Les mutations du gène de la leptine, l’hormone de satiété.
- Le récepteur de la mélanocortine-4 (MC4R).
- Le récepteur PPAR gamma, ayant un rôle sur l’adipogenèse à l’origine de la transformation des cellules graisseuses où l’on stocke le gras.
- Le gène FTO, actif dans l’hypothalamus qui se situe au niveau du cerveau, régulant hormones et comportement alimentaire.
À cause de ces facteurs génétiques, certaines personnes ont donc un terrain plus propice au surpoids et à l’obésité que d’autres. Cependant, bonne nouvelle, différentes études tendent à montrer un réel impact de notre comportement sur ces marqueurs génétiques.
C’est notamment le cas du gène FTO, sur lequel l’activité physique serait bénéfique. Ces résultats sont particulièrement encourageants : les gènes ne sont pas figés et ne déterminent pas tout !
Quel rôle joue l’alimentation dans l’obésité ?
L’alimentation est bien sûr un facteur clé dans la prise de poids. Oui, manger de façon excessive c’est-à-dire manger plus de calories que l’on n’en dépense, favorise les kilos en trop. L’énergie consommée en excès est stockée sous forme de triglycérides, dans nos cellules graisseuses. Ce déséquilibre impacte directement la balance, puis, à plus ou moins long terme, l’IMC, le tour de taille, etc.
La quantité des repas a donc un rôle crucial dans le surpoids et l’obésité, mais pas seulement. La qualité des aliments consommés compte aussi. Le terme de malnutrition ou de malbouffe est aujourd’hui largement employé pour désigner une insuffisance d’aliments sains et un excès d’aliments ultra-transformés dans nos assiettes. Voici quelques exemples d'aliments ultra-transformés :
- Boissons sucrées (sodas, boissons énergisantes, jus de fruits sucrés) ;
- Céréales sucrées du petit-déjeuner ;
- Biscuits, gâteaux, pâtisseries industrielles, barres chocolatées et confiseries ;
- Frites surgelées et autres produits de pommes de terre transformés (chips, purées…) ;
- Produits de boulangerie industriels ;
- Viandes transformées (jambon, saucisses, hot-dogs, nuggets de poulet…) ;
- Plats préparés ;
- Sauces prêtes à l'emploi ;
- Produits laitiers transformés (yaourts aromatisés, fromages fondus) ;
- Snacks salés (crackers, biscuits salés…).
Leur densité nutritionnelle est faible, alors que leur teneur en calories est, elle, généralement très élevée. En d’autres termes, ils sont riches en gras, en sucre, en sel et autres substances nocives, mais pauvres en nutriments essentiels : vitamines, minéraux et fibres.
Ces ingrédients sont fortement soupçonnés de perturber l’équilibre pondéral, le système hormonal, la satiété et la digestion. Autre conséquence, ils peuvent provoquer un effet addictif incitant à en (re)manger plus souvent et à grignoter.
La flore intestinale
Le rôle de la flore intestinale dans le développement de l'obésité a été observé lors d'une expérience sur deux groupes de souris : l'un obèse, l'autre non. Les microbiotes intestinaux des deux groupes ont été échangés.
Les souris obèses qui ont reçu le microbiote des souris non obèses ont commencé à perdre du poids et ont montré une réduction des symptômes de l'obésité, tandis que les souris non obèses ont pris du poids et ont développé des symptômes d'obésité.
Ces résultats suggèrent que la flore intestinale joue un rôle clé dans la régulation du poids corporel et l'obésité.
L’influence de la sédentarité sur la prise de poids
La sédentarité et le manque d'activité physique sont des facteurs de risque importants. La sédentarité ne se limite pas seulement à l'absence d'exercice physique.
Elle peut également être due à des modes de vie qui encouragent la position assise, comme le travail de bureau, les heures passées devant la télévision ou devant l’écran du téléphone.
Le manque d'activité physique a des répercussions sur notre métabolisme. Durant l’effort, le corps brûle des calories. Le travail musculaire modéré à intense augmente notre dépense énergétique de la journée, et c’est une aide précieuse pour maintenir un poids stable.
Nous avons tout intérêt à développer notre masse musculaire qui malheureusement, pour des raisons physiologiques, tend à diminuer avec l’âge. Ce qui explique la facilité à prendre du poids au fil des années.
Les autres facteurs santé et environnementaux
Parmi les autres causes de l’obésité, certains troubles hormonaux comme Cushing, Hashimoto, l’hypothyroïdie ou encore le syndrome des ovaires polykystiques peuvent augmenter le risque d’obésité et de surpoids. Des traitements médicamenteux aussi sont parfois à l’origine de la surcharge pondérale (antidépresseurs, corticoïdes…).
Dans ces cas précis, l'alimentation peut parfois ne pas suffire à lutter contre le fameux effet yoyo. Le yoyo est d’ailleurs lui aussi un facteur non-négligeable dans le développement du surpoids !
L’environnement dans lequel nous évoluons influence aussi grandement notre état de santé. L’accès à des aliments de qualité, le milieu socio-économique, la disponibilité de structures médicales et sportives aux alentours, la qualité du sommeil, la qualité de l’air : autant de facteurs qui vont impacter la prise de poids.
Les conséquences du surpoids et de l’obésité
Le risque de maladies chroniques
Les personnes en surpoids ou obèses sont exposées à un risque accru de développer des maladies chroniques.
Les maladies cardiovasculaires
L'excès de poids peut entraîner une hypertension artérielle, des niveaux élevés de cholestérol et triglycérides. L’anomalie lipidique est l’une des complications principales du surpoids et de l’obésité, le terme exact étant dyslipidémie. Elle favorise d’autres complications comme l’athérosclérose, l’infarctus, le syndrome métabolique, les maladies cardiovasculaires et les accidents vasculaires cérébraux.
Le diabète de type 2
Le surpoids et l'obésité augmentent considérablement le risque de développer un diabète de type 2, une maladie chronique aussi, caractérisée par une glycémie élevée. L’obésité est responsable de plus de 80 % des diabètes de type 2.
Les cancers
Des études ont montré que l'obésité favorise certains types de cancers, notamment le cancer du sein, le cancer de la prostate, de l'ovaire et du côlon. Si les liens de cause à effet restent à approfondir, ce sont les troubles hormonaux et le terrain inflammatoire qui sont fortement soupçonnés.
Les maladies hépatiques
Le surpoids et l'obésité augmentent le risque de troubles biliaires, de stéatose hépatique non alcoolique (NAFLD) et de cirrhose. La NAFLD (ou NASH) est caractérisée par une accumulation de graisse dans le foie, elle peut entraîner une inflammation et une insuffisance hépatique, potentiellement mortelles.
Les problèmes respiratoires et les douleurs articulaires
Asthme, respiration sifflante, toux, gêne respiratoire ou apnée du sommeil, sont des problèmes de santé plus fréquents. Aussi, le poids peut exercer une pression supplémentaire sur les articulations, en particulier les genoux et les hanches, ce qui peut causer une usure prématurée et de l’arthrose.
Les autres impacts du surpoids sur la santé physique
Un indice de masse corporelle supérieur à 25 kg/m2 entraîne un état inflammatoire général et d'autres conséquences sur la santé. Les carences nutritionnelles ne sont pas rares. Elles peuvent être liées à l’alimentation déséquilibrée, trop riche en glucides et en lipides, au détriment de nutriments essentiels comme : les protéines, les fibres, la vitamine D, E et C, le fer, le magnésium, le calcium et le potassium.
Elles peuvent aussi être liées à des troubles hormonaux comme la résistance à l’insuline et perturber le bon fonctionnement de l’organisme. Ce qui d’ailleurs peut rendre le projet bébé difficile.
En d'autres termes, le surpoids peut causer des troubles de la fertilité, aussi bien chez les hommes que chez les femmes : perturbations du cycle menstruel, risque accru de complications pendant la grossesse, spermatogénèse altérée…
Les conséquences psychologiques et sociales pour la personne obèse
Les conséquences du surpoids et de l’obésité ne sont pas seulement physiques. Le bien-être psychologique peut être fragilisé pour de nombreuses raisons. La personne en situation d'obésité ou de surpoids peut éprouver des sentiments de honte, de culpabilité, d'isolement social et de discrimination.
Rien que les nominatifs obésité sévère ou obésité morbide sont anxiogènes... Et cela peut entraîner une détérioration réelle de la qualité de vie et de la santé mentale.
L'obésité peut également entraîner des problèmes psychologiques comme une diminution de l'estime de soi, une augmentation de l'anxiété et de la dépression. Les personnes obèses ont souvent du mal à trouver des vêtements qui leur conviennent par exemple ou à participer à des activités sans être victimes de discrimination.
Ce contexte peut pousser à des troubles du comportement alimentaire : restriction nutritionnelle (anorexie), crises de boulimie, balance obsessionnelle, rapport malsain avec la nourriture, hyperphagie... Autant de signes d’alerte à ne pas minimiser. Il est essentiel de les identifier, et ce le plus tôt possible pour orienter vers des professionnels de santé spécialisés, diététiciens-nutritionnistes et psychologues.
Prévention du surpoids et de l'obésité et solutions thérapeutiques
Comment lutter contre l'obésité ?
La prévention joue un rôle crucial dans la lutte contre le surpoids et l'obésité. Il est beaucoup plus facile de prévenir le gain de poids que de le traiter une fois installé. Elle ne se limite pas à l'individu, mais nécessite une approche collective, en impliquant les familles, les écoles, les communautés, les professionnels de santé et les politiques publiques.
Dès le plus jeune âge, sensibiliser à des choix alimentaires plus sains, évoquer la suralimentation, promouvoir une pratique régulière de l’activité physique plutôt que la sédentarité et prendre goût à enfiler toque et tablier, sont des enjeux sanitaires essentiels : nos enfants d’aujourd’hui sont les adultes de demain.
Faciliter l’accès à des outils comme des ateliers diététiques et culinaires dès l’école primaire, le sport et faire évoluer le Nutriscore ainsi que la réglementation des aliments industriels sont des pistes sérieuses à développer, en urgence.
Tout comme mieux encadrer le marketing alimentaire ciblant enfants et adolescents. Malgré la mise en place du PNNS et de quelques acteurs comme Obepi, la Ligue contre l’obésité ou Oqali, de nombreux progrès restent à faire à la vue des chiffres de l’obésité en constante augmentation.
Obésité : comment perdre du poids ?
Contre le surpoids et l’obésité, l’objectif principal doit être de prévenir les complications et d’améliorer la condition physique. Adopter une alimentation équilibrée durablement pour perdre du poids progressivement fait partie des priorités de la prise en charge préventive et thérapeutique. L'objectif pondéral doit être raisonnable.
Certains régimes alimentaires ont montré des résultats positifs pour diminuer le tour de taille, le poids et l’IMC : régime méditerranéen, régime paléolithique, régime IG bas ou sans sucre, le jeûne intermittent… Il est préférable de consulter une diététicienne pour adapter au mieux l’alimentation qui vous conviendra.
Conseils nutritionnels bénéfiques pour lutter contre surpoids et obésité
Rien ne sert d’aller trop vite. Laissez-vous le temps d’instaurer de nouvelles habitudes et d’y prendre plaisir. Veillez à bien manger aux repas principaux et mettez en place des collations légères si besoin. Rien n'est interdit ! Plaisir et satiété doivent être au cœur du programme alimentaire.
Essayer de... | Comment ? |
Privilégiez le fait-maison | |
Augmentez votre consommation de végétaux et de fibres |
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Augmentez le bon gras |
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Sucrez au naturel |
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Diminuez le sel |
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Évitez les aliments ultra-transformés |
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Rôle de l'activité physique et du sport
L’exercice physique aide à brûler plus de calories, renforce les muscles, les os et le système cardiovasculaire. L'activité physique et le sport ont également un effet positif sur la santé mentale en réduisant le stress, l'anxiété et la dépression.
Des habitudes saines comme une alimentation équilibrée et une activité physique régulière doivent être combinées pour lutter efficacement contre le surpoids et l’obésité.
La reprise du sport ou les débuts doivent être adaptés pour éviter toute blessure et ne pas décourager la femme obèse ou l’homme obèse. Pourquoi ne pas démarrer avec des activités en groupe, des sports collectifs ou bien en présence d’un coach sportif pour des séances individuelles personnalisées ?
L’endurance comme la musculation peuvent être recommandées et bénéfiques pour les personnes en situation de surpoids. Au quotidien, préférez aussi bouger dès que vous le pouvez :
- En marchant un peu tous les jours,
- En choisissant le vélo plutôt que les déplacements en voiture,
- En pratiquant des activités ludiques sans écrans.
Choisissez ce qui pourrait vous plaire le plus, tout simplement !
Chirurgie de l’obésité et autres approches pour obtenir un poids santé
Trois types d’opérations chirurgicales possibles
Parmi les traitements de l’obésité, plusieurs solutions médicales existent comme la chirurgie bariatrique. Elle est réservée pour les cas d’obésité sévère ou morbide. On retrouve trois techniques :
- Bypass,
- Sleeve,
- Switch duodénal.
Ces techniques consistent à modifier le système digestif en retirant une grande partie de l’estomac.
Ces solutions chirurgicales pour aider à perdre du poids sont irréversibles et modifient la digestion ainsi que l'absorption des aliments. Notamment les vitamines liposolubles, ce qui oblige une supplémentation afin d’éviter les carences nutritionnelles.
Bien que la chirurgie bariatrique puisse être efficace pour la perte de poids sur le long terme, elle n'est pas sans risques. Les complications possibles de la chirurgie comprennent les infections, les saignements, la fatigue chronique, les problèmes respiratoires…
Aussi, sans modification des habitudes alimentaires et sans augmentation de l'activité physique, cette solution ne reste que provisoire.
Traitement pour l’obésité : médicaments et compléments alimentaires
En France, seul un médicament peut être prescrit (non remboursé) en cas de surpoids et d’obésité lorsque les modifications nutritionnelles ne semblent pas suffire. Il s’agit de l’orlistat (tétrahydrolipstatine).
Il est utilisé en association avec un régime hypocalorique et une activité physique régulière. Les effets secondaires incluent des problèmes gastro-intestinaux (selles molles, incontinence fécale, augmentation des flatulences).
Parfois, un traitement anti-diabète peut-être prescrit. Il s’agit du liraglutide (agoniste des récepteurs du GLP-1, une hormone qui régule la glycémie et la satiété). Les résultats restent modestes et les effets secondaires importants, incluant des nausées, des vomissements et des diarrhées.
En ce qui concerne les compléments alimentaires, il n'y a pas de preuve scientifique solide pour prouver leur efficacité dans la perte de poids. Il existe des formules destinées à augmenter la thermogénèse (à base de caféine, capsaïcine…), des capteurs de graisses (chitosan, nopal…) ou des régulateurs de satiété (chrome, konjac…).
Quant aux cures de probiotiques pour équilibrer la flore intestinale, elles pourraient être intéressantes. Néanmoins, elles restent sans preuve scientifique validée pour le moment sur la perte de poids.
La thérapie cognitive et comportementale
D’autres approches comme la thérapie cognitivo-comportementale proposent des programmes de soutien intéressants. La TCC se concentre sur la modification des pensées et des comportements.
De cette manière, elle peut aider les personnes à identifier les pensées et les émotions qui amènent à manger de manière excessive afin de développer des stratégies pour surmonter ces situations de manière plus saine et maintenir une perte de poids durable.