Nous en entendons peu parler. Pourtant, le syndrome métabolique est une maladie silencieuse qui touche des millions de personnes dans le monde entier. D’après l’Inserm, en France, presque une personne sur cinq est concernée.
Aux États-Unis, ce ratio augmente : le syndrome affecterait plus de 40 % des plus de 50 ans ! Le syndrome métabolique, ou metabolic syndrome en anglais, est aussi connu sous les noms de syndrome X ou syndrome de la bedaine.
Scientifiquement, le syndrome de la bedaine n’est pas considéré comme une maladie. Il est caractérisé par la présence de plusieurs troubles physiologiques et biochimiques. S’il peut être asymptomatique pendant une longue période, c’est néanmoins un vrai problème de santé publique.
En effet, il augmente considérablement le risque de maladies cardiovasculaires, de diabète de type 2, de maladie du foie ou des reins et d’apnée du sommeil. Mais aussi, de troubles gynécologiques, comme le syndrome des ovaires polykystiques chez les femmes. Découvrez tout ce que vous devez savoir sur le syndrome métabolique dans cet article.
Définition et critères de diagnostic du syndrome métabolique
La définition du syndrome métabolique
Étudié depuis 1920, le syndrome métabolique connaît plusieurs définitions. Nous nous référons aujourd’hui à celle donnée par l’Inserm, l'Institut national de la santé et de la recherche médicale française : le syndrome X « correspond à l’association de plusieurs troubles liés à la présence d’un excès de graisse à l’intérieur du ventre. »
Les 5 critères essentiels pour diagnostiquer le syndrome de la bedaine : êtes-vous à risque ?
Il existe cinq critères pour diagnostiquer un potentiel syndrome métabolique :
- Un tour de taille important ;
- Une hyperglycémie (excès de sucre dans le sang) ;
- Un taux de triglycérides élevé ;
- Un taux bas de bon cholestérol HDL ;
- Une tension artérielle trop élevée.
Une personne avec un tour de taille important et présentant deux autres des anomalies listées ci-dessus est considérée comme à risque.
- Un tour de taille supérieur à 90 cm chez l’homme et 80 cm chez la femme.
- Un taux de glycémie veineuse à jeun, égal ou supérieur, à 5,6 mmol/L (100 mg/L).
- Un taux de triglycérides, égal ou supérieur, à 1,7 mmol/L, l’équivalent de 150 mg/dL.
- Un taux de cholestérol HDL inférieur à 1,03 mmol/L (40 mg/dL) chez un homme et à 1,29 mmol/L (50 mg/dL) chez une femme.
- Une tension artérielle, égale ou supérieure, à 130 mmHg pour la pression artérielle systolique et à 85 mmHg pour la pression artérielle diastolique.
La mesure du tour de taille : un indicateur crucial
L’excès de graisse abdominale est l’un des premiers signes du syndrome X. C’est d’ailleurs pour ça qu’il est aussi appelé « syndrome de la bedaine ».
Mais, qu’est-ce qu’un tour de taille important ? Les mesures peuvent varier selon les régions du monde et les ethnies concernées. En France, un tour de taille est considéré comme important à partir de 94 cm pour les hommes et 80 cm pour les femmes.
À titre d’exemple, en Asie du Sud, la présence d’une obésité abdominale est détectée lorsque le tour de taille est supérieur à 90 cm chez les hommes.
Alors, comment bien mesurer son tour de taille pour savoir si vous êtes à risque ? Munissez-vous d’un mètre ruban. Tenez-vous droit et détendu, les pieds écartés à hauteur d’épaule. Retirez votre haut, les vêtements pouvant fausser les mesures.
Placez votre ruban parallèle au sol, entre la dernière côte et le haut de l’os de la hanche. Cela correspond à peu près au niveau de votre nombril. Faites le tour de votre ventre, sans serrer ou détendre le mètre. Expirez doucement lorsque vous prenez la mesure.
Les causes du syndrome métabolique
Les facteurs de risque à connaître
Les trois principales causes du syndrome X sont les suivantes :
- Une mauvaise alimentation ;
- La sédentarité et le manque d’activité physique ;
- L’obésité.
D’après une étude publiée sur la revue médicale The Lancet, en 2017, un décès sur cinq dans le monde était dû à une mauvaise alimentation.
D’après l’Organisation Mondiale de la Santé, plus d’un quart de la population adulte mondiale n’est pas suffisamment active. D’après l’OMS encore, en 2016, environ 13 % de la population adulte mondiale était obèse.
Dans ces conditions, le syndrome métabolique toucherait environ une personne sur quatre. Ou cinq, selon les pays. Plus de trois diabétiques sur quatre seraient concernés.
Cependant, ces trois causes ne sont pas les seuls facteurs à risque du syndrome métabolique. Certains facteurs sont plus méconnus. Ainsi, les personnes les plus à risque sont :
- Les personnes avec des antécédents familiaux de diabète de type 2 ;
- Les femmes qui ont eu un diabète gestationnel ;
- Les personnes d’origine hispanique, afro-américaine, amérindienne ou asiatique.
Inflammation et syndrome X : le lien inattendu qui peut causer des complications
D’après une étude de l’Institut de biologie en santé du CHU d’Angers, les personnes présentant un syndrome métabolique souffrent d’un état inflammatoire chronique néfaste pour leurs vaisseaux sanguins.
Des vésicules extracellulaires pourraient causer une dysfonction endothéliale. Les cellules endothéliales participent au contrôle du tonus vasculaire, et donc du débit sanguin local. Cette inflammation pourrait également altérer l’intégrité de la paroi intestinale.
Diabète et trouble métabolique : comprendre la relation pour mieux prévenir
Comme évoqué plus haut, le syndrome X génère, dans la majorité des cas, une résistance de l’organisme à l’insuline. L’insuline, c’est une hormone sécrétée par le pancréas qui a pour rôle de réguler le taux de glucose dans le sang. Comment ? Elle favorise son entrée dans les cellules. Et par conséquent, la conversion du glucose en énergie.
L’excès du tissu adipeux au niveau de l’abdomen va créer une résistance à l’insuline. Ainsi, le tissu adipeux en excès libère plus de lipides et de protéines dans la circulation sanguine.
Au niveau de votre foie, cela signifie que l’hormone insuline ne va pas réussir à bloquer la production de glucose. Au niveau de votre muscle, l’insuline n’arrive plus à stimuler l’utilisation du glucose. Celui-ci est alors envoyé dans le sang.
Vous développez donc une résistante à l’insuline, qui abîme votre pancréas en le surstimulant. L’hyperglycémie devient chronique. Vous êtes alors plus à risque de développer un diabète de type 2, ou de souffrir d’une maladie cardiovasculaire.
Les symptômes du syndrome métabolique
Comment se traduit le syndrome chez un individu ?
C’est le danger du metabolic syndrome : il présente peu de signes avant-coureurs. Pas de maux de tête ou de troubles intestinaux pour vous indiquer que quelque chose ne va pas. Souvent, lorsque vous commencez à présenter des symptômes physiques, il est trop tard : vous avez déjà développé une maladie chronique favorisée par le syndrome X.
Toutefois, vous pouvez mettre en place des solutions simples pour surveiller l’apparition d’un syndrome de la bedaine :
- Vérifiez votre tour de taille ;
- Faites des bilans sanguins régulièrement.
En suivant vos taux de glycémie, de triglycérides, de cholestérol HDL et votre pression artérielle, vous vous donnez l’opportunité de prévenir un syndrome métabolique.
Les bilans sanguins peuvent être prescrits par votre médecin généraliste. Il est conseillé de faire un bilan sanguin tous les ans pour prévenir l’apparition de certaines carences, comme la carence en fer, très courante chez les femmes.
C’est aussi l’occasion de surveiller son taux de cholestérol. Pour information, en France, un adulte sur cinq souffre d’hypercholestérolémie. Enfin, ce bilan de sanguin peut mettre en lumière un syndrome métabolique.
Le tour de taille : quand penser à une maladie métabolique ?
Le tour de taille reste l’un des facteurs clés à suivre pour détecter un syndrome X. De façon générale, la mesure du tour de taille est de plus en plus utilisée pour suivre votre santé. En effet, vous pouvez tout à fait avoir un poids considéré comme idéal, mais présenter un tour de taille anormal pour votre physique.
Loin des critères esthétiques, cet amas de graisses abdominales peut être le symptôme que quelque chose ne va pas. En France, le tour de taille idéal est de 80 cm pour les femmes et 94 cm pour les hommes.
Les professionnels de santé distinguent deux types de forme concernant la surcharge abdominale :
- L’excès de graisse dans l’abdomen, en forme de pomme, avec un risque plus important de développer un syndrome métabolique ;
- L’excès de graisse en forme de poire, plus localisé au niveau des hanches, avec un risque moins important.
Le traitement du syndrome métabolique
Quel médicament pour réduire les risques de complications ?
Premièrement, à l’heure actuelle, il n’existe pas de traitements spécifiques au syndrome métabolique. Pas de médicaments qui vous permettent de vous en débarrasser du jour au lendemain, ou de mieux vivre avec.
Par contre, il est possible de traiter certains facteurs du syndrome X. Ainsi, selon vos marqueurs, vous pourrez traiter spécifiquement certains aspects, avec :
- Des antidiabétiques, comme la metformine ;
- Des antihypertenseurs pour la tension artérielle ;
- Des anticholestérols, comme les statines.
Évidemment, ces traitements médicamenteux sont à définir selon votre cas. C’est au médecin de vous prescrire le bon traitement, en fonction de vos résultats de prise de sang.
Toutefois, c’est par l’hygiène de vie que vous pourrez majoritairement faire disparaître votre syndrome métabolique. Attention, si vous avez déclenché une maladie chronique suite à votre syndrome X, vous allez probablement devoir apprendre à vivre avec.
Activité physique : comment soigner le syndrome métabolique par le sport ?
L’une des premières causes du syndrome de la bedaine est la sédentarité. Et, le manque d’activité physique qui l’accompagne. Aujourd’hui, selon l’OMS, la sédentarité est l’un des principaux facteurs de risque de mortalité liée aux maladies non-transmissibles.
Alors, quelle activité physique devriez-vous pratiquer pour faire disparaître le syndrome métabolique ? L’un des premiers conseils est tout simplement de marcher au moins 30 minutes par jour.
Quel que soit votre âge ou votre condition physique, vous devriez pouvoir marcher une demi-heure par jour.
Si vous êtes essoufflé avant, commencez par des sorties de 15 minutes. Motivez-vous à y aller entre amis, avec votre partenaire ou vos enfants. Intégrez cette pratique à votre routine quotidienne : le matin avant d’aller au travail, pendant votre pause-déjeuner ou en fin de journée, pour vous libérer du stress accumulé.
En plus, la marche à pied quotidienne vous permet de :
- Maintenir un poids stable ;
- Diminuer la tension artérielle ;
- Faire baisser le taux de mauvais cholestérol ;
- Réduire le taux de glucose ;
- Entretenir la bonne l’humeur ;
- Améliorer la mémoire et la fonction cognitive ;
- Lutter contre le stress ;
- Augmenter la longévité.
C’est au moins huit bonnes raisons d’aller marcher !
L’OMS recommande aussi de faire des activités de renforcement musculaire deux fois par semaine.
Pour être en bonne santé, il faudrait faire entre 2 h 30 et 5 h d’activité physique modérée par semaine. Selon le site de la Sécurité Sociale Ameli, une activité physique modérée est reconnaissable par :
- Une respiration légèrement accélérée et un essoufflement faible ;
- La possibilité d’avoir une conversation durant l’activité ;
- Des battements du cœur un peu accélérés.
Alimentation : comment lutter contre le syndrome X grâce à votre assiette ?
L’alimentation est l’un des éléments essentiels d’une bonne hygiène de vie. Par conséquent, c’est également un élément clé pour lutter contre le syndrome X !
Selon un article paru dans La Revue Médicale Suisse, consulter un diététicien est une action nécessaire dans la prise en charge du syndrome. En effet, vous pourrez faire un bilan nutritionnel et apprendre ensemble à composer une assiette équilibrée, en accord avec vos problématiques : cholestérol, hypertension ou encore, diabète.
Les objectifs sont multiples :
- Assurer un apport nutritionnel équilibré et adapté à vos besoins ;
- Préserver les fluctuations glycémiques ;
- Favoriser le contrôle des facteurs de risque cardiovasculaires ;
- Contribuer à la stabilisation ou à la perte de poids.
D’après une autre étude publiée dans cette même revue médicale, il est préférable d’encourager une alimentation équilibrée et de transformer les habitudes alimentaires, sans passer par la case régime restrictif.
En effet, la restriction alimentaire est considérée comme vouée à l’échec à cause des risques de frustrations et des potentiels troubles du comportement alimentaires générés.
Dans le cas d’un syndrome métabolique, plutôt que de miser sur un régime avec des promesses de perte de poids rapides, privilégiez l’adoption d’une alimentation équilibrée pour diminuer l'inflammation, dans laquelle aucun aliment n’est interdit. Surtout, pensez long terme.
Les aliments à privilégier
Afin d’éviter de développer le syndrome de la bedaine, il est essentiel d’adopter une alimentation équilibrée. Concrètement, comment transformer vos habitudes alimentaires pour être en meilleure santé ? Tout d’abord, misez sur les légumes et les fruits.
Suivez les recommandations de l’OMS et consommez au moins 400 grammes de légumes et fruits par jour. Pour bénéficier de tous leurs bienfaits, privilégiez des végétaux de saison et locaux. Bonne nouvelle : cette alimentation riche en fibres devrait avoir des effets bénéfiques sur votre transit intestinal !
Apprenez également à introduire les légumineuses dans votre assiette. Souvent négligés dans nos cuisines européennes, les lentilles et autres légumes secs apportent de nombreux bienfaits à notre organisme !
Les aliments riches en oméga-3 et en oméga-9 sont aussi vos alliés. À vous le poisson deux fois par semaine ! De même, les noix sont à inclure dans votre alimentation quotidienne.
Les aliments à bannir
Adopter une alimentation équilibrée va vous demander de revoir en profondeur vos habitudes alimentaires. Pour commencer, fuyez les aliments ultra-transformés : plats préparés, pizzas industrielles, chips et nuggets de supermarché sont vos ennemis.
La charcuterie est fortement déconseillée. Forte teneur en sel pour peu de qualités nutritives, il est temps de remplacer votre tranche de jambon par une part de lentilles.
Parlons-en d’ailleurs du sel : suivez les recommandations de l’OMS et diminuez, au quotidien, votre apport en sel. Aujourd’hui, nous en consommons presque deux fois trop. L’apport idéal par jour se situe en dessous de 5 grammes.
Enfin, l’alcool, comme le tabac, est à éviter. Si vous pouvez vous autoriser un verre de vin de temps à autre, fuyez les cocktails, qui sont souvent des bombes caloriques.
Les compléments alimentaires peuvent-ils vous aider ?
D’après une étude menée par l’UFR de Médecine et de Pharmacie de l’Université de Rouen, la prise de compléments alimentaires pourrait avoir des effets positifs sur votre syndrome métabolique.
Ainsi, les personnes souffrant du syndrome métabolique sont susceptibles d’avoir de plus faibles concentrations sanguines de vitamines et minéraux indispensables au bon fonctionnement de l’organisme.
La biodisponibilité est également impactée. La biodisponibilité se définit comme : « la proportion de nutriment ingérée qui est absorbée et qui peut être utilisée pour les fonctions physiologiques normales. ».
Se complémenter peut alors aider à faire remonter ses taux et compenser la difficulté d’absorption. Selon une étude de l’Institut Européen de Physionutrition, certains micronutriments pourraient aider à lutter contre l’insulinorésistance :
- Quelques polyphénols, comme les catéchines et les proanthocyanidines ;
- La taurine ;
- Des oligoéléments ;
- Les antioxydants endogènes.
Nous vous recommandons d’étudier toutes ces possibilités avec un professionnel de la santé et un professionnel de la nutrition. Ainsi, vous pourrez ensemble mettre en place un plan d’action pour traiter votre syndrome X.
Plus l’être humain se sédentarise et cède à la malbouffe, plus il est susceptible de développer un syndrome de la bedaine. S’il n’est pas gênant tant qu’il est asymptomatique, ses conséquences, comme l’apparition d’un diabète de type 2, sont souvent irréversibles.
Pour vous éviter ce genre de situation, adoptez dès aujourd’hui une bonne hygiène de vie, avec une alimentation équilibrée et la pratique régulière (voire quotidienne) d’une activité physique. Agir aujourd’hui dans ce sens, c’est protéger votre santé.
Cependant, le metabolic syndrome étant en constante augmentation, nous pouvons croire à une meilleure prise en charge dans le futur. S’il n’existe pas de médicament spécifique à ce jour, le sujet est largement étudié par la communauté scientifique pour le prévenir. Mais aussi, pour le traiter. Notamment par une meilleure hygiène de vie et par la prise des bons compléments alimentaires.
